samedi 1 décembre 2007

Le déclic du destin+Le problème avec moi au Centre culturel canadien

Création à Paris au Centre culturel canadien et à Montréal à l'Espace libre du spectacle Le déclic du destin+Le problème avec moi de Larry Tremblay en novembre 2007



Léo et son double
Si, dans Le déclic du destin, Léo se retrouve en morceaux, dans Le problème avec moi, il se retrouve dédoublé. Léo possède un clone : Léø. Une sorte de clown métaphysique. Dans le premier texte, je pose cette question : qu’arrive-t-il quand il y a trop de moi pour un corps? Dans le second, celle-ci : qu’arrive-t-il quand il y a trop de corps pour un moi ? Ces deux questions, au fond, n’en font qu’une. Cependant, le théâtre permet de s’en amuser. Longtemps, enfant, quand trop tôt j’allais au lit, je me suis demandé si j’étais réellement moi. Si ce moi allait continuer à vouloir de moi. Si ce moi, je n’allais pas le perdre au cours d’un rêve. Si ce moi, au fond, n’en cachait pas un autre. Peut-être, au matin, allais-je me réveiller sans moi? Fermant les yeux, je soupçonnais qu’il y avait un autre moi en moi, pas tout à fait semblable à moi, mais tout de même parlant comme moi, se promenant sans hésiter dans mon corps comme s’il avait toujours habité là. Le moi, le monde : les deux bouts de la conscience. Léo et Léø : les deux bouts d’un personnage d’une comédie métaphysique où le moi va au théâtre, où le personnage va à la recherche de son moi perdu. Si Léo possède son double, le spectacle que vous venez de voir ce soir a pratiquement le sien. Merci de tout coeur d’être venus assister à cette production de BAFDUSKA THEATRE. Merci à vous deux, Benoit et Sylvain sans qui Léo n’aurait pas rencontré Léo Larry Tremblay



Il y a quelques années, alors que les pans de mon existence s’écroulaient l’un après l’autre à un rythme aussi régulier qu’effrayant, je perdis un jour une dent. Elle se détacha sans douleur, et tomba d’un coup sur mon bureau. Crème et sanguinolente, elle semblait me narguer, me murmurer : «À présent, c’est au tour de tes bastions intérieurs de s’effondrer…». Lorsque j’ai découvert Le déclic du destin de Larry Tremblay, j’ai été happé par cette intrigue schizophrénique, mais pétrifié aussi par l’aventure de Léo qui engloutit un éclair au chocolat, et perd… une dent ! Prémisse à une décomposition qu’il dissèque avec acharnement dans un songe éveillé. Comment restituer la musique de ce texte aussi dense? Comment parvenir à donner vie à ce monologue foisonnant de mille détails ? Au ralenti d’abord : afin de mettre à nu avec méticulosité chaque ramification de pensée du personnage. Debout et immobile ensuite : comme si le héros se tenait à l’entrée d’un dédale fou et violent qui l’aspire, puis le démembre. Léo est à mes yeux au-delà du mouvement palpitant de la vie. Il est comme anesthésié et transparent entre une chambre solitaire et un bureau monotone qui l’attend au jour le jour. Ou alors peut-être est-il déjà interné ? Condamné à vivre et à revivre son cauchemar à l’infini ?… Léo combat ses chimères avec l’énergie fantasque d’un Don Quichotte enfantin. Léo lutte contre la paranoïa avec la maniaquerie d’un stratège à l’heure de la débâcle. Léo tangue entre la victoire et l’impuissance. Léo est comme chacun d’entre nous : il se défend comme il peut lorsqu’il perd une dent, une illusion, un morceau de vie, la raison… Le déclic du destin propose un moment hypnotique qui emprunte le rythme des rêves sur lequel planent les accords opaques de Radiohead et d’Angelo Badalamenti lorsqu’il compose pour David Lynch.

C’est en musique que se rejoignent Le déclic du destin et Le problème avec moi. Radiohead s’évanouit dans le noir. Laisse la place aux violons frénétiques et stridents de Bernard Hermann dans Psychose. Sous des douches glacées, Sylvain Savard alias Léo apparaît avec un pansement sur la joue, une cravate nouée autour de son cou comme la corde d’un pendu. À son bras, un sac de skaï qui n’a l’air de rien. Le protagoniste s’est totalement dédoublé, et l’enveloppe de l’acteur abrite désormais Léo et Léø qui ont revu le chef-d’oeuvre d’Alfred Hitchcock pour la énième fois. Ils ont passé un moment exaltant et - tels deux siamois - ont éprouvé le même plaisir de spectateurs. Mais peu à peu, leur conversation s’éloigne du film, atteint des rives plus intimes. Insensiblement, comme une photographie divisée en négatif positif, Léø et Léo se démarquent et s’éloignent. Si Léø affirme sa domination jusqu’à la brutalité physique, Léo rêve de pureté quasi enfantine. Le premier revendique la marge avec radicalisme. Le second tente en vain d’entrer dans le rang. Les écartèlements psychiques s’engouffrent dans ce déchirement «homosensuel», quasi-fratricide qui trouve sa solution – ou plutôt sa dissolution - dans un travestissement aussi terrible que grotesque. Ce «monologue dialogué» au rythme vif s’affole dans un jeu de lumières transversales : vert tendre pour Léo le dominé, rouge sang pour Léø l’écrasant. Coincés dans ces feux paradoxaux, les «deux hommes en un» du Problème avec moi oscillent entre sadisme et avilissement. Ils expriment alors nos contradictions internes, nos élans freinés, nos colères dévastatrices, nos aspirations étouffées, notre impuissance auto meurtrière… Statue du commandeur ou Lilliputien, le héros de ces deux oeuvres de Larry Tremblay évolue dans une zone universelle où il déclare crânement : «Je suis un homme. Seulement cela. Rien d’autre. Et ce n’est pas assez», mais s’excuse aussitôt d’exister en murmurant: «Nous sommes tous des insectes.» N’est-ce pas là notre propre reflet?… Benoit Gautier


Extraits du spectacle
Captation Sylvain Bergère. Montage Benoit Gautier & Jérôme Marelle



Photos extraites de la captation vidéo


Échos du public

Vraiment, félicitations !!! J'aime beaucoup le traitement de la pièce cette année. Sylvain a été formidable, excellent. Je pense que ce spectacle devrait intéresser Jean-Michel Ribes pour le Théâtre du Rond-Point. Dommage qu'il n'ait pas assisté ce soir à cette représentation ! Irène

J'ai adoré la première partie. Sorte de clown démembré, qui m'a fait pensé à L'homme qui dort de Perec avec cette espèce de monotonie dans laquelle il essaye de nous entraîner. Pourtant, on se surprend, nous les spectateurs, à ne pas perdre le fil pour autant. Ce texte me fait aussi pensé aux méditations métaphysiques de Descartes. Le corps, l'esprit : ces sens qui nous trompent. C'était vraiment très chouette et avec Alice, nous avons adoré le noeud cravate ! J'ai eu plus de mal avec la deuxième partie, plus loufoque, mais avec des jeux de lumière sublimes. Quelle performance de tenir presque deux heures en solo. Bravo à tous les deux. Ce spectacle mériterait d'être joué à Montparnasse ! Caroline

Bravissimo Benoit ! Juste te féliciter pour hier soir. J'ai trouvé les deux pièces et leur enchaînement très intéressants. L'ambiance musicale était glaçante à point, en parfait contrepoint du texte, voire en renfort selon les moments. C'est tout à fait dingue d'avoir fait jouer la deuxième partie par un seul acteur, mais du coup ça va plus loin. Marie Pauline

Bravissimo Sylvain ! Je trouve que tu t'en es très bien sorti, en particulier dans le rôle à deux voix. Ce marathon scénique doit être épuisant, non ?... Il me semble que la mise en scène était assez différente de la première fois pour le Déclic du destin. Bravo aussi à Benoît, qui m'a par ailleurs impressionné par sa facilité oratoire. Eric

Bonjour les chers garçons, Je me suis éclipsée juste après la discussion sans même vous saluer ou vous féliciter car je sentais que ce serait la cohue ! Bravo, c'était un travail magnifique et de mise en scène et de jeu. Vraiment, chapeau bas! Même si le second texte m’a moins séduite, cela n’a gâché en rien mon plaisir. Encore un gros bravo. Simone

Salut l’homme-plateau ! Nous t’avons trouvé superbe, les textes remarquables et intensément mis en avant par toi et la mise en scène (un peu trop résolument figée - corps et lumières - à mon goût sur Le déclic du destin). Bravo. Nicolas et Nathalie

Sylvain, Juste pour te dire que j'ai passé une excellente soirée. J'ai adoré les textes, avec une préférence pour le premier (quelle langue !), et j'ai été subjuguée par ton travail d'acteur. J'ai vraiment été transportée par ta, tes, vos performances ! Jean-Louis aussi a beaucoup aimé (avec une préférence pour le deuxième texte) et il a beaucoup apprécié ton travail d'acteur(s). Hélène

Hey sweetie Benoit, 1000 bravos encore pour ton "oeuvre". Ce spectacle était beau, favorisait l’écoute et les émotions étaient bien senties. Eric

Sylvain, J'ai été super contente de te revoir sur scène. Quelle évolution depuis l'année dernière ! Il y a un an, j'étais mal à l'aise. Envie de bouger à ta place. Moi qui danse toute la journée, j'avais envie que tu esquisses ne serait-ce qu'un seul geste. Hier, tout le contraire, j'aurais presque voulu être Léo ! Et Le problème avec moi est absurde, fou, bizarre, drôle et re-absurde. J'aime beaucoup toute l’énergie de ce spectacle contenue mais explosive. J'espère de tout cœur que l'auteur le verra et que tu vas le jouer, puis le jouer et le rejouer. Clémence

Encore bravo pour cette représentation ! Brigitte

C'était une si belle et intéressante représentation. Je ne peux pas tout te dire de l'émotion et de la joie que j'ai ressenties en voyant Sylvain si multiple. Nous aurons, j'espère très fort, l'occasion de parler ensemble à ce sujet. Agnès

Cher Sylvain, J'ai été très impressionnée par ta performance. Tu es vraiment un grand comédien. J'ai aimé le premier texte, moins le second. Pourtant, tu as été impressionnant là aussi. Je suppose que tu puises ta grande force dans la beauté de ton coeur.
Fabienne

Dossier artistique à télécharger ici

lundi 1 octobre 2007

BAFDUSKA Théâtre s'expose à Vanves

Exposition des peintures, dessins et croquis de l'artiste-peintre Claire Zuber intitulée: "Coulisses", accompagnée des costumes du Roi qui n'avait pas d'oreille créés par Anne Bothuon et de différentes affiches de spectacles de BAFDUSKA Théâtre, en septembre 2007, à Vanves