mercredi 30 décembre 2009

mardi 30 juin 2009

Leçon d'anatomie au Centre culturel canadien


Spectacle créé au Centre culturel canadien, à Paris, en juin 2009

  
Martha, du haut de ses 50 ans, ouvre le corps de son passé. Mutilée dans son coeur, elle ausculte son mariage avec un homme de pouvoir. Anatomique et implacable, ironique et caustique, Martha dissèque l’envers du décor. Leçon d’anatomie ou les confessions d’une femme au-delà de la crise de nerf…


Femme en morceaux / Morceaux de femme. Entretien avec le metteur en scène, Benoit Gautier

Bafduka Théâtre Après Le Déclic du destin et Le Problème avec moi, c’est la troisième fois qu’avec la compagnie BAFDUSKA Théâtre vous mettez en scène un monologue de Larry Tremblay
Benoit Gautier J’ai la chance d’avoir rencontré un auteur vivant qui accueille avec une liberté totale ma vision scénique de son univers. Avec leur écriture versifiée mais sans rime, les monologues de Larry Tremblay ne livrent pas tout ce qu’ils donnent à lire. Loin de là. C’est dans cette partie floue, obscure que la mise en scène s’engouffre, trouve son aise et prend de l’ampleur. Dans Leçon d’anatomie, le personnage de Martha tisse une toile dramaturgique qui va sans cesse du public à son intimité mutilée. L’héroïne lance de multiples pistes où elle entraîne le spectateur. Ces ramifications prennent l‘allure d’une conférence scientifique ou encore d’un psychodrame. Dans leur formulation, elles oscillent entre la sècheresse et le lyrisme, mais sont toujours soutenues par une charpente psychologique aussi solide qu’invisible.

BAFDUSKA THÉÂTRE Comment définiriez-vous le personnage de Martha?
BG Dès la première lecture, je ne l’ai pas ressentie, mais vue. Une silhouette plongée dans un clair obscur inquiétant. Face à elle, un mannequin de vitrine. Martha, sublime, pensive, fume une cigarette fine. Dans cette presque nuit, il émane d’elle un parfum "almodovarien". Un mélange subtil de beauté et de grandeur malgré une fêlure à fleur de peau. De cette image, tout a découlé avec limpidité. Martha m’est devenue familière. Quant au thème du choix amoureux, source de désespoir et de destruction, il me hante depuis toujours.

BT Micky Sebastian s’est imposée d’emblée pour interpréter Martha?
BG Oui, sans l’ombre d’un doute. Avec la pureté des traits de son visage, son teint de porcelaine, le bleu fragile de son regard et son aura à la Hitchcock, Micky Sebastian flotte depuis de nombreuses années dans mon panthéon. Sous une écorce très féminine, elle possède l’étoffe dont sont faites les plus grandes: la virilité. Elle appartient à cette race d’actrices qui semble avoir une paire d’épaulettes greffée sous la peau. Même si elle est ravagée, son maintien impeccable éloigne le pathos. Son timbre de voix sensuel, son débit rapide et précis sont faits pour accueillir le double tranchant de l’ironie. Arme vitale, décapante dont use Martha pour dissimuler l’abîme de sa détresse.

BT Larry Tremblay a écrit : « Si Leçon d’anatomie est avant tout l'expression d'une parole unique, elle n'est pas nécessairement une pièce solo..."
BG Sur scène, Martha s’adresse au public, mais parle aussi à un mannequin de vitrine. Il symbolise Pierre, son mari ministre. Sa présence étrange me fait penser à La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz de Luis Bunuel et Les Yeux sans visage de Georges Franju. Avec une construction très méthodique, Larry Tremblay nous introduit dans le champ opératoire de Martha où trône le corps de plastique de Pierre. Il tombe entre les mains de l’héroïne qui se met à jouer à la poupée pour faire tomber le masque de la parure sociale.

BT Le smoking blanc de Martha impose aussi une image glamour…
BG Martha le porte comme une armure gigogne. Au fil de l’histoire, il se transforme en blouse de vivisection, en camisole d’hôpital, en habit de sainte… Ce costume fait référence à Marlène Dietrich dans Blonde Venus de Joseph Von Sternberg, mais surtout à Catherine Deneuve dans Liza de Marco Ferreri. En smoking blanc d’Yves Saint Laurent, elle devient un animal par amour! La styliste Jacqueline Blaëss, Micky Sebastian et moi-même désirions que la netteté de la coupe du costume contraste avec la souplesse du tissu. Pour souligner délicatement le mélange d’autorité et de vulnérabilité, de féminité et de virilité. Sa couleur blanc cassé accueille généreusement les lumières du spectacle créées avec Laurent Pierre: le mauve du laboratoire de Martha, le rouge de ses menstruations ou encore le vert blafard d’une chambre de clinique, d’un écran de cinéma porno…

BT Bunuel, Franju, Dietrich, Deneuve, Sebastian…
BG Oui, avec une influence plus ou moins prégnante, des morceaux de films et de femmes traversent et nourrissent Martha. Une femme en morceaux, mais qui se récupère in extremis !


Revue de presse

Leçon d’anatomie ou les confessions d’une femme au-delà de la crise de nerfs
Et si, pour fêter l’été, on s’offrait une Leçon d’anatomie québécoise ? Mais attention, pas n’importe laquelle : une leçon d’anatomie théâtrale, signée par l’auteur dramatique, romancier et poète Larry Tremblay, mise en scène par notre collaborateur Benoit Gautier et interprétée par la comédienne Micky Sebastian, le tout sous la houlette forcément magistrale de la compagnie BAFDUSKA Théâtre ! Les 22 et 23 juin prochains, sur la scène du Centre culturel canadien, on pourra en effet découvrir Martha, une femme de presque 50 ans qui se penche sur son passé. Mutilée dans son coeur, elle ausculte son histoire d’amour aux côtés d’un homme de pouvoir et dissèque l’envers du décor…Larry Tremblay lui-même présente ainsi ce monologue puissant et douloureux : "Avant de connaître l’histoire de Martha, d’en écrire la première ligne, j’étais habité par cette question : pourquoi nous arrive-t-il d’aimer ceux qui nous détruisent ? Jusqu’où peut-on aller dans la connaissance d’un autre avant de détruire, par souci d’exactitude, ce qu’on aime, se détruisant du même coup ?… Si Leçon d’anatomie est avant tout l’expression d’une parole unique, elle n’est pas nécessairement une pièce solo.” Marie-Pauline Mollaret Blog d'Écran noir. 5 juin 2009 Leçon d’anatomie de Larry Tremblay 22 et 23 juin à 19 heures 30
Centre culturel canadien
5 rue de Constantine
75007 Paris
Entrée libre
Réservations: 01 44 43 24 94

Captation Sylvain Bergère. Montage Benoit Gautier & Jérôme Marelle

Dossier artistique à télécharger ici





Larry Tremblay à l'honneur à La Maline, Ile de Ré

Le déclic du destin+Le problème avec moi & Leçon d'anatomie, deux textes de Larry Tremblay, présentés le 12 juin 2009, lors d'une résidence de création à La Maline (Ile de Ré)

Presse




MICKY SEBASTIAN (Leçon d'anatomie)




SYLVAIN SAVARD (Le déclic du destin+Le problème avec moi)